Première rencontre significative de ce voyage, (à Bat Trang) |
On change de direction en longeant un mur qui tourne soudainement et nous voilà face à une grille entrouverte devant laquelle trône un couple.
Lui, habillé d'un marcel blanc et d'un pantalon gris que l'on prendrait pour un bas de pyjama, porte les cheveux blancs, tout comme sa barbe et sa moustache. Il ne sourit pas, il est juste impassible mais son regard est celui de ceux qui savent, qui ont déjà trouvé la sagesse. Elle nous fait un signe de la main que nous interprétons comme un "allez-vous-en". Ca ne colle pas avec le sourire qu'elle affiche pourtant. Elle nous invite en réalité à entrer. Derrière la grille, c'est l'enchantement, un petit jardin où débordent les plantes ; accrochés aux murs de pierre, des dizaines et dizaines de cadres en céramique. En face de nous, un escalier mène à une sorte de terrasse où sont disposés, en vrac peintures et poteries.
Sur notre droite, la visite commence par une pièce ni dedans ni dehors où s'effectue le rituel du thé qui s'avère être un lieu de culte.
Nous nous enfonçons un peu plus encore dans la pénombre de la demeure sur les directives de la dame qui utilise son sourire comme langage universel. On arrive alors dans un salon aux meubles en bois très anciens. Il s'avère que ce salon est aussi la chambre à en juger par le lit qui trône là. Au mur, un homme et un femme que je prends pour des ancêtres de la famille nous regardent. Une jarre immense en céramique bleue et blanche m'intrigue, à l'inverse des centaines fabriquées à la chaine dans le village, celle ci est pleine de finesse et les motifs y sont très détaillés.
La propriétaire nous fait assoir sur le lit, son lit ... et nous attendons, un peu perplexes, sans trop savoir quoi. Elle me montre la vieille porte vitrée et en fer forgé devant moi, je tente de l'ouvrir elle donne sur l'extérieur. Elle m'indique un balcon que je ne peux qu'apercevoir de dessous puisqu'il est sur la façade extérieure, façade dont je ne dois à priori pas ouvrir la porte. Ce balcon a l'air très travaillé. Je me rassois alors et nous entendons la dame fouiller dans une pièce voisine et chercher ce qu'elle souhaite nous faire comprendre. Elle nous tend alors un article de journal anglais, le même en réalité que celui encadré au mur avec une façade en photo (en vietnamien).
La photo est enfaite la façade arrière de la maison dans laquelle nous sommes, façade restée miraculeusement intacte faces aux démolitions des guerres passées. Aucune fissures, la maison a été reconnue comme un joyaux d'architecture. Le propriétaire est à l'origine un duc français, celui du cadre qui nous fait face. Nous essayons alors de faire comprendre à la dame que nous sommes françaises nous aussi et elle semble à peine y croire, les larmes pudiques restent accrochées à son regard ému. Cette coïncidence de rencontre loin des sentiers touristiques nous touche autant qu'elle.
Avant de partir, elle souhaite nous faire découvrir tous les secrets du lieu dont elle est maintenant la gardienne. Elle nous explique alors que la plante sous nos yeux est celle que l'on retrouve en graines séchées à nos pieds et plutard dans la théière bleue et blanche. Elle nous tend deux fleurs, aucun doute, c'est du jasmin, j'ai appris à reconnaitre cette odeur parmi tant d'autres depuis que je suis en Asie ; elle éveille tous mes sens.
Je repars le coeur léger, cette journée restera à jamais gravé dans ma mémoire, c'est pour ces moments si particuliers que je ne m'arrêterai plus de voyager. Pour voir encore des sourires comme celui que me livre le monsieur lorsque je me retourne une dernière fois.
2 commentaires:
Ce texte est touchant de poésie. Je m'en vais lire les suivants.
Alexandra, une lointaine cousine
(bien que, là où je me trouve, je sois plus proche de M-T!)
Merci, ça me touche beaucoup et me donne envie de continuer (bien que je sois rentrée en France hier soir) je prendrai le temps de raconter quelques anecdotes supplémentaires pour ceux qui prennent plaisir à les lire.
Bonne continuation,
Pauline
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